Accueil fait de société Viols de Mazan : un cas de paraphilie du mari, selon le...

Viols de Mazan : un cas de paraphilie du mari, selon le Dr Marilyne Baranes

Le procès des viols de Mazan a été suspendu ce lundi 16 septembre en raison de l’absence de Dominique Pélicot pour des raisons de santé. "Il a un caillot dans la vessie et une infection du rein droit", détaille son avocat Me Béatrice Zavarro

0
"Je dédie ce combat à toutes les personnes victimes de violences sexuelles", Gisèle Pelicot- Viols de Mazan
"Je dédie ce combat à toutes les personnes victimes de violences sexuelles", Gisèle Pelicot- Viols de Mazan

viols de Mazan : le courage de Gisèle Pelicot

#violsdeMazan Gisèle Pelicot, refusant que son procès se déroule à huis clos, a affirmé que « la honte doit changer de camp ». Victime de viols, elle a décrit comment sa vie, autrefois parfaite, a sombré dans l’horreur, se disant « sacrifiée sur l’autel du vice ».

Par son témoignage, elle envoie un message puissant à toutes les femmes victimes de violences sexuelles à travers le monde.

« Je dédie ce combat à toutes les personnes, femmes et hommes, à travers le monde, qui sont victimes de violences sexuelles », déclare-t-elle, les exhortant à se rappeler qu’elles ne sont pas seules, qu’elles doivent lever les yeux et voir le soutien qui les entoure.

Qui aurait pu imaginer que derrière l’apparence d’un homme de famille exemplaire se cachait un sombre secret ? Dominique Pelicot un homme de 71ans apparemment ordinaire, est aujourd’hui au cœur d’une affaire qui bouleverse l’opinion publique. Il est accusé d’avoir drogué sa femme Gisèle Pélicot avec des anxiolytiques pendant dix ans, de juillet 2011 à octobre 2020, afin de la violer et de la faire violer par des dizaines d’hommes qu’il recrutait sur Internet, des faits qu’il a admis.

Il a d’après les spécialistes, des signes évidents de paraphilie, un trouble mental complexe et souvent méconnu.

Selon le Dr Marilyne Baranes, spécialiste en psychiatrie, deux éléments majeurs se dégagent de cette affaire : le besoin pour l’agresseur d’effacer la mémoire de sa victime, et son désir de vivre l’humiliation et la souffrance par procuration.

« Il est nécessaire d’aborder ces aspects, car, comme le souligne Dominique, ce cas est sans précédent », explique le Dr Baranes. La psychiatre met en lumière la paraphilie, un trouble psychologique complexe, souvent mal compris.

« La paraphilie, c’est un trouble où la personne est envahie par des fantasmes persistants liés à des comportements sexuels impliquant l’humiliation et l’utilisation d’objets inanimés », précise-t-elle.

La paraphilie : qu’est-ce que c’est ?

La paraphilie se caractérise par des fantasmes sexuels intenses et récurrents portant sur des objets, des situations ou des personnes atypiques, souvent associés à de la souffrance ou de l’humiliation.

Dans le cas de Dominique Pelicot, c’est le besoin de voir sa femme souffrir et d’exercer un contrôle total sur elle qui semble être au cœur de ses actes.

Les experts s’accordent à dire que la paraphilie est un trouble complexe, aux causes multiples et variées. Des facteurs biologiques, psychologiques et environnementaux peuvent y contribuer.

Si ces troubles sont souvent associés à des comportements déviants, il est important de souligner que tous les individus ayant des fantasmes paraphiliques ne passent pas à l’acte.

Dans cette affaire, l’accusé aurait drogué sa femme pour assouvir un fantasme particulier : celui de voir de la souffrance et de l’humiliation chez l’autre dans un contexte sexuel.

« C’est un comportement paraphilique, un phénomène bien connu en psychiatrie », confirme le Dr Baranes. Elle souligne également la différence entre un trouble paraphilique, qui peut se manifester de manière épisodique, et la paraphilie, caractérisée par un besoin intense, récurrent et persistant.

« Les personnes paraphiliques ont souvent commencé à développer des comportements psychosexuels étranges bien avant la puberté », note la spécialiste.

Dans ce cas, ces comportements sont généralement cachés, organisés et dissimulés, ce qui fait partie de leur excitation. « Ces individus associent souvent la paraphilie à d’autres comportements, comme le voyeurisme et le sadisme », ajoute-t-elle.

Malgré une vie en apparence normale, avec une famille et des enfants, ces individus sont soudainement envahis par un besoin de fantasme où l’humiliation et la souffrance de l’autre deviennent centrales.

Ce processus inclut ce que le Dr Baranes appelle « l‘objectivation du sujet », où la victime est perçue comme un objet, parfois même inanimé, ce qui accentue l’excitation sexuelle de l’agresseur.

« Cela va bien au-delà de la simple déviance », avertit-elle. « C’est un comportement criminel, qui comprend des actes de viol et l’utilisation de drogues ».

Si cette affaire sera sans doute complexe à juger, elle n’en demeure pas moins d’un grand intérêt, tant pour les experts judiciaires que pour la société. Le Dr Baranes espère que cette affaire permettra d’approfondir la compréhension de la paraphilie, un trouble beaucoup plus répandu qu’on ne le pense.