vélo Altaïr 7 : innovation
L’IUT d’Annecy bat le record du monde de vélo caréné avec une vitesse de 139,89 km/h. Quel est le secret de fabrication de cette innovation ? Quels sont les matériaux utilisés pour sa conception ?
Le vélo, baptisé Altaïr 7, est le fruit de sept années de recherche et de développement. Il est propulsé uniquement par la force musculaire. Le cycliste, François Pervis, multiple médaillé olympique et champion du monde a guidé ce prodige de l’ingénierie à travers le désert du Nevada, remportant ainsi le titre de Champion du Monde 2023.
Le secret de la vitesse incroyable du vélo réside dans son aérodynamisme exceptionnel. Sa forme profilée lui permet de réduire la résistance à l’air de 30 fois par rapport à un vélo standard.
Guillaume de France explique : « Avec ce vélo, un cycliste peut aller trois fois plus vite avec la même puissance. Imaginez rouler à 100 km/h sans faire plus d’effort que pour rouler à 30 km/h sur un vélo normal ! ».
Ce record extraordinaire ouvre la voie à de nouvelles perspectives pour les véhicules à très faible consommation énergétique.
Guillaume de France souligne : « Ce vélo montre qu’il est possible de rouler à 140 km/h avec seulement un demi-cheval, alors que les voitures ont besoin de 150 chevaux pour atteindre la même vitesse. C’est une avancée majeure pour l’avenir des transports. »
L’équipe de l’IUT d’Annecy ne compte pas s’arrêter là.
Guillaume de France poursuit : « Nous sommes déjà en train de travailler sur un nouveau vélo, encore plus performant. Notre objectif est de dépasser les 150 km/h. »
Le vélo Altaïr 7 est un véritable concentré d’innovation et de technologie. Il symbolise l’ingéniosité et la passion de l’équipe de l’IUT d’Annecy, qui repousse sans cesse les limites du possible.
Pouvez-vous nous présenter le vélo ALTAÏR 7 ?
Je m’appelle Guillaume de France, je suis professeur à l’IUT d’Annecy en Génie mécanique. Avec les étudiants, nous menons des projets dans le domaine sportif, dans le domaine des véhicules à très faible consommation énergétique. Nous avons réalisé notamment ce vélo, qui est un vélo qui roule à 140 km/h sur le plat, sans moteur, uniquement avec l’énergie d’un être humain, avec l’énergie musculaire.
Cette année, nous sommes allés dans le Nevada, pour participer à une compétition qui regroupe des universités du monde entier pour battre des records. Nous avons gagné, nous sommes champions du monde 2023. Nous avons roulé à 139,89 km/h, autant dire 140 km/h avec un champion cycliste qui pilotait notre vélo, François Pervis, qui est cycliste sur piste. Il a plusieurs médailles olympiques et plusieurs titres de champion du monde, c’est un cycliste très puissant.
Quelles sont les particularités de cette prouesse ?
Ce vélo peut aller très vite grâce à son aérodynamique. Il a une forme qui résiste très peu à l’air par rapport à un vélo normal, il va traîner 30 fois moins dans l’air. Cela signifie qu’un cycliste va aller à peu près 3 fois plus vite avec ce vélo avec la même puissance. Si vous roulez à 30 km/h, dans le vélo caréné, vous irez presque à 100 km/h, sans faire plus d’effort. Donc, avec très peu de puissance, car un homme va développer environ un demi-cheval, alors qu’on voit des voitures rouler à 130 km/h avec 150 chevaux ; ici avec un demi-cheval, il est possible de rouler à 140 km/h.
Cela ouvre des perspectives immenses sur la possibilité de réaliser des véhicules à très faible consommation énergétique.
Combien de temps avez-vous mis pour réaliser ce vélo ?
Nous avons mis 1 an à fabriquer ce vélo et il s’agit du 7e vélo que nous réalisons. Depuis 2007, nous avons fabriqué 7 vélos différents. Pour les premiers, nous avons mis à peu près 2 ans à les fabriquer, pour celui-ci, qui ressemble beaucoup au précédent, il nous a fallu 1 an.
Ce type de vélos existe-t-il dans notre quotidien ?
Ce sont des prototypes. On ne peut pas rouler sur la route avec des voitures. Il faut rouler sur une route fermée, uniquement réservée à cette machine, pour la sécurité. On peut imaginer des véhicules inspirés de ce vélo, avec par exemple 3 roues au lieu de 2. Avec 3 roues, cela permet d’être stable à l’arrêt et donc de rouler dans la circulation, sur des pistes cyclables, à des vitesses plus élevées qu’en vélo normal, en consommant très très peu d’énergie.
Ce vélo montre la voie, il ouvre les possibilités, à travers des records, mais il n’a pas de vocation commerciale. Le but est de montrer les possibilités technologiques qu’il peut y avoir en utilisant uniquement un être humain.
Son nom est Altaïr 7. Altaïr est le nom d’une étoile qui brille très fort.
Je m’appelle Vincent Billard, j’étais étudiant à l’université, maintenant je suis en école d’ingénieur.
J’ai aidé à reconstruire le vélo à la suite d’un crash qui l’a détruit en 2022. Il a fallu le reconstruire en urgence, donc il y avait besoin de bras pour le reconstruire en un an et pouvoir participer à la compétition l’année suivante. Je suis revenu à l’école pour aider à le réparer en urgence pour pouvoir participer en 2023.
C’est incroyable, c’est une aventure humaine, le fait de travailler toute l’année au maximum, de tout donner avec ses collègues sur un projet, nous avons tous un but commun. Ensuite, le fait de partir aux États-Unis, de faire le voyage ensemble, nous sommes encore plus soudés, nous sommes vraiment tous unis derrière un même objectif. C’est superbe comme aventure, comme projet.
Qui finance ce projet ?
Ce sont majoritairement des sponsors. Nous nous rapprochons d’entreprises autour d’Annecy, dans la région, qui veulent bien nous aider à financer. L’université nous aide, la région également. En rassemblant suffisamment d’argent, cela nous permet de payer l’avion pour partir aux États-Unis, car il y a bien sûr des frais, pour transporter le vélo en caisse, transporter l’équipe qui va accompagner le vélo et participer à la compétition. Sans les sponsors, nous ne pourrions pas le faire.
Quel est le coût de ce vélo ?
Il y a tellement de temps passé dessus, qu’il est impossible de le chiffrer. Si on comptait les heures passées par les étudiants à travailler sur le vélo, le montant s’élèverait à plus d’un million d’euros. Ce n’est qu’une estimation du prix, mais si on ne considère vraiment que les matériaux et les machines, il doit être autour de 80 000 – 100 000 euros.
Un petit mot pour la fin ?
Notre but est de battre le record du monde absolu de vitesse en vélo caréné. Le record est établi à 144 km/h. Il est détenu par des Canadiens. Nous voudrions le battre.
Donc en 2025, nous allons retourner dans le Nevada pour participer à la compétition pour essayer de battre ce record.
