Saint Sébastien retrouve la lumière au Musée des Beaux-Arts de Lyon

Ce geste symbolique, marquant l’entrée de l’œuvre dans un espace public, scelle un lien rare entre l’univers judiciaire du Barreau de Lyon et le monde artistique, tout en honorant un homme d’exception, Charles Damiron, ancien bâtonnier et collectionneur passionné.

Pour Marie-Josèphe Laurent, cette œuvre « porte désormais le rayonnement du Barreau au-delà de ses murs » et rejoint une nouvelle communauté d’admirateurs.

Le prêt de cette pièce symbolise également un dialogue renforcé entre le monde du droit et celui de l’art, dans un hommage commun à l’histoire et à la beauté.

« C’est un immense plaisir de vous recevoir ce soir. Nous sommes très heureux de ce merveilleux dépôt« , souligne avec émotion Sylvie Ramond, Directrice du Musée des beaux-arts (MBA) de Lyon

Une majolique au parcours exceptionnel

La majolique, une sculpture en terre cuite émaillée réalisée à la fin du XVe siècle en Italie, est une pièce d’une grande rareté, tant par sa conservation que par sa valeur artistique. Ce Saint-Sébastien a traversé près de cinq siècles d’histoire avant de rejoindre les collections du musée lyonnais.

Offerte au Barreau de Lyon en 1939 par Charles Damiron, figure incontournable du Barreau de Lyon et passionné d’art, cette œuvre incarnait l’attachement de cet homme aux arts et à la culture. Né à Lyon le 17 novembre 1868, dans un milieu d’aisance honnête, juriste reconnu en droit des affaires et de la propriété intellectuelle, Damiron était également un grand mécène qui enrichit les musées français, notamment le Musée des Tissus et le Louvre, grâce à ses nombreux dons.

Lors de l’inauguration, Alban Pousset-Bougere, bâtonnier actuel de Lyon, rappela avec émotion que cette statue était bien plus qu’un simple objet : « Saint Sébastien représente la pérennité du Barreau et la passion des hommes qui le composent », un hommage à la générosité et à la vision culturelle d’un homme qui a su allier sa vocation juridique à une véritable passion pour l’art.

Une Œuvre qui nécessitait un prêt pour sa conservation

Avant de rejoindre le musée, la majolique trônait dans le bureau des bâtonniers, un environnement qui ne correspondait plus aux besoins de conservation de cette œuvre fragile.

C’est l’ancienne bâtonnière Marie-Josèphe Laurent qui, touchée par l’inadéquation de l’œuvre à cet environnement moderne, proposa son transfert au musée pour assurer sa préservation et permettre au public de l’admirer. « Saint Sébastien était trop isolé. Il avait besoin d’être admiré et protégé », confie-t-elle.

Bien que l’idée ait suscité des débats au sein du Barreau, certains craignant la perte de ce témoignage historique, l’initiative fut finalement soutenue par une large majorité, notamment grâce à l’engagement d’Alain Dumas, avocat passionné d’art et défenseur du projet.

Une nouvelle vie au Musée des Beaux-Arts de Lyon

Désormais exposée dans un espace consacré aux arts italiens du Musée des Beaux-Arts, la majolique a retrouvé un lieu digne de son histoire. Restaurée avec soin, elle occupe une place importante parmi d’autres chefs-d’œuvre du musée.

Salima Hellal, conservatrice en chef des objets d’art, a exprimé l’importance de cet ajout à la collection du musée : « Cette majolique est notre première sculpture émaillée en trois dimensions. C’est un ajout précieux qui enrichit la collection de céramiques du musée. »

La cérémonie d’inauguration, marquée par une émotion palpable, a été l’occasion pour Alban Pousset-Bougere, Bâtonnier de Lyon, de rappeler la symbolique profonde de cette œuvre : « Entre ici, Sébastien ! », signifiant par cette phrase l’importance de la statue bien au-delà de sa matérialité.