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Le coaching pour un management efficace en entreprise
Depuis vingt ans, le coaching en management creuse son sillon dans les entreprises françaises. Avec un certain succès car, lorsqu’il est assuré par un professionnel et accepté, il facilite la prise de décision, améliore les performances et permet de gérer les conflits. Directeur régional du groupe Actual, Frank Petitdemange coache également des managers et des décideurs. Il témoigne de son action.
Né il y a quarante ans aux États-Unis dans le milieu du sport professionnel, le coaching a rapidement franchi les portes de l’entreprise et, depuis peu, celles de la sphère privée. En France, c’est dans les années 90 que s’est développé le coaching en entreprise et sa pratique ne cesse d’intéresser les dirigeants et les managers. S’agit-il d’une simple mode ou d’une évolution profonde des pratiques ?
Organisation, communication participative, responsabilité individuelle : voilà les compétences attendues d’un bon manager.
Ce savoir-faire, fondé sur des connaissances techniques objectives, est indispensable. Mais il ne suffit plus, car le rôle d’un manager d’aujourd’hui est aussi de faire progresser ses équipes, de les impliquer et les motiver. C’est là qu’intervient le savoir-être, souvent évoqué mais sous-évalué dans sa complexité. Car cette dimension, loin d’être innée même si certaines dispositions naturelles peuvent aider, nécessite souvent un coaching par un spécialiste.
Un management assoupli
« Le coaching ne s’improvise pas grâce à l’expérience ou à la vie, c’est un métier pour lequel il faut avoir été correctement formé. Il faut aussi avoir fait un énorme travail sur soi pour être efficace », souligne Frank Petitdemange, directeur régional du groupe Actual. Ce diplômé d’HEC Paris est également coach en management et accompagne des dirigeants, des élus et toute personne ayant une responsabilité de gouvernance. Frank Petitdemange active tous les leviers pour que son coaching vise juste et aboutisse à une amélioration des performances : il forme au management avec l’intelligence collective et l’intelligence émotionnelle, à l’organisation opérationnelle, à la prise de décision, à la position Meta [être à la fois l’acteur et l’observateur de la situation, ndlr]. Gérer les conflits ou encore des traumatismes – certains pourraient voir le jour à la suite du Covid-19 – impose au manager un mode d’action souple : adopter une écoute active, accompagner, utiliser ses ressources de façon circonstanciée et adaptée. Cette démarche repose sur l’élément essentiel qu’est l’adhésion totale du coaché. « La personne doit être volontaire pour être coachée. On ne peut pas coacher quelqu’un qui n’a pas envie de l’être », considère Frank Petitdemange.
Dans certaines entreprises, le recours au coaching est inscrit dans les pratiques RH. Ainsi chez GSF Energia, entreprise spécialisée dans l’hygiène et la propreté, comme l’explique Jérôme Nussbaumer, directeur général en charge de la filière nucléaire : « Lorsque l’on fait évoluer un collaborateur sur un poste de management ou qu’on le recrute, on se charge de lui apporter la formation technique pour le savoir-faire. Et, adossé à cela, on fait venir un coach pour travailler avec lui sur le savoir-être. » Le coaching dure trois mois en moyenne. Un bilan est réalisé à la fin de la période.
Team building de développement personnel
Coach en management, Frank Petitdemange se présente également comme manager coach vis-à-vis de ses équipes d’Actual. Une posture d’équilibriste, qu’il a appris à gérer en professionnel : « Selon la situation, je change de casquette afin de mieux les accompagner vers une transformation interne », déclare-t-il. Ainsi, le directeur régional fait travailler ses collaborateurs dans des team building de développement personnel, en associant des spécialistes extérieurs.
Pour Frank Petitdemange, la qualité de la formation du coach – via les fédérations référencées et les groupements d’écoles supérieures – garantit celle de son travail. « Pour moi, chaque coach est unique et a ses spécialisations », considère-t-il, avant de développer : « Il n’existe pas réellement de mauvais manager en soi… Il s’agit avant tout de vouloir se remettre en question, avoir un avis extérieur.
Le rôle du coach sera de dresser un bilan à la personne accompagnée : où en est-elle ? où veut-elle aller ? Le coach va lui faire prendre de la hauteur et de la distance. Il l’accompagne à la prise de conscience qu’il y a d’autres angles de vue pour aborder la situation. »
Un facilitateur, le coach ? En quelque sorte, selon Frank Petitdemange : « Chaque personne porte en elle les ressources lui permettant de trouver ses propres solutions. Au coach de l’accompagner sur le chemin afin qu’elle les trouve. »
Retour sur l’émission de BFM Lyon : Managers Actuels, Coaching, Pourquoi ?
RETRANSCRIPTION ÉMISSIONS
Sandrine Audrain : Ravie de vous retrouver pour Managers Actuels, l’émission du management sur BFM Lyon. Avec un duo pratique et théorique, ce mois-ci :
Frank Petitdemange, directeur régional du groupe Actual,
et Jérôme Nussbaumer, directeur général de GSF Energia, une entreprise spécialisée dans l’hygiène, la propreté et les services associés. Vous êtes en charge de la filière nucléaire avec 230 collaborateurs sous vos ordres. Le groupe GSF Energia compte 36 000 salariés, de quoi parler management au cœur de l’entreprise.
Le management est en pleine mutation, les dirigeants ont besoin d’experts pour monter en compétences, pour comprendre la différence entre digital et figital. Dans tous les cas, ils font appel à des coachs… mais n’est pas coach qui veut. Frank Petitdemange, qu’est-ce qu’un coach en management ?
Frank Petitdemange : Un coach en management, c’est, en premier lieu, quelqu’un qui a suivi une formation digne de ce nom. Le coaching ne s’improvise pas grâce à l’expérience ou à la vie, c’est un métier pour lequel il faut avoir été correctement formé. En ce qui me concerne, j’ai fait HEC Paris, qui est une école qui apporte tous les éléments pour bien coacher et, surtout, accompagner en sécurité les personnes concernées, que ce soit des managers, des dirigeants d’entreprise ou des élus. Ce cadre est absolument capital dans le coaching.
Sandrine Audrain : Le chef d’entreprise peut être un jour amené à se poser la question du “Pourquoi est-ce que je peux envisager le coaching dans ma stratégie de management ?” Comment cela s’est-il passé, Jérôme Nussbaumer, au sein de votre entreprise ?
Jérôme Nussbaumer : Lorsque l’on fait évoluer un collaborateur sur un poste de management ou qu’on le recrute, on se charge de lui apporter la formation technique pour le savoir-faire. Et, adossé à cela, on fait venir un coach pour travailler avec lui sur des axes précis pour développer le savoir-être.
Sandrine Audrain : Mais comment trouver le bon coach qui fera la différence ? Qu’est-ce qu’un bon coach ?
Frank Petitdemange : Un bon coach, c’est déjà quelqu’un qui a fait un énorme travail sur lui-même. Pour aider les autres, il est indispensable de bien se connaitre. Cela fait aussi partie du cursus lorsque l’on intègre une école pour devenir coach, comme cela a été le cas pour moi. À partir de là, on travaille sur le savoir-être de la personne qui est étroitement lié à son savoir-faire. Il s’agit d’agrémenter ces deux dimensions. Enfin, la condition indispensable pour que cela fonctionne, c’est que la personne soit volontaire pour être coachée. On ne peut pas coacher quelqu’un qui n’a pas envie de l’être.
Sandrine Audrain : Jérôme Nussbaumer, comment se déroule un coaching concrètement au sein de votre entreprise ?
Jérôme Nussbaumer: Au départ, nous organisons une réunion tripartite entre le coaché, le coach et moi-même, durant laquelle on définit des axes de travail et des priorités pour le coaching. Ensuite, pendant environ 3 mois, le coach rencontre le coaché une fois par mois. À la fin, on se réunit à nouveau pour tirer le bilan du coaching.
Sandrine Audrain : Quelle est la valeur ajoutée d’intégrer du coaching dans le quotidien de l’entreprise ?
Jérôme Nussbaumer : Ce sont les femmes et les hommes qui réalisent l’activité de l’entreprise au quotidien, donc, pour que ces activités se déroulent le mieux possible, il faut que nos managers soient les mieux formés. C’est pour cela qu’on essaie d’avoir les meilleurs managers en leur apportant ce savoir-être en plus des compétences techniques.
Sandrine Audrain : Quels sont les signaux ou les éléments à prendre en compte quand on est manager pour se dire, “voilà, là, j’ai vraiment besoin d’un coaching”. Est-ce qu’il faut être mauvais, est-ce qu’il faut être perdu ?
Frank Petitdemange : Il n’existe pas réellement de mauvais manager en soi… Il s’agit avant tout de vouloir se remettre en question, avoir un avis extérieur. Le rôle du coach sera de dresser un bilan à la personne accompagnée : où en est-elle ? où veut-elle aller ? C’est pourquoi il est important, comme je l’ai dit tout à l’heure, que la personne soit volontaire dans la démarche. Le coach va lui faire prendre de la hauteur et de la distance, lui présenter les choses sous d’autres angles, de façon à ce qu’elle puisse se positionner en fonction des besoins ou des problématiques qu’elle peut avoir.
Sandrine Audrain : Dans tous les cas, c’est une personne qui est vraie avec vous, qui vous donne les vraies clés, qui vous regarde objectivement. Alors, comment trouver cette perle rare ?
Frank PETITDEMANGE : Aujourd’hui, il est préférable de se diriger vers des fédérations qui sont référencées. Il n’y en a pas 50, il y en a deux. Mais il existe aussi des groupements dans les écoles. À titre d’exemple, HEC a un groupement de coachs qui peut vous renseigner, vous diriger vers des gens qui sont réellement spécialistes du coaching.
Sandrine Audrain : Les mots-clés du coaching pour clôturer cette émission ?
Frank Petitdemange : Le coach, tel que je le pratique moi-même, se situe entrer le psy qui travaille sur le passé, le coach conseil – une forme de coaching plus à l’américaine – qui va vous préparer à un événement et le coach qui travaille sur le présent, sur les problématiques du moment, sur les envies. C’est ma façon de faire : naviguer entre le passé et le futur, afin de travailler sur des choses très concrètes et très présentes.