Gaz verts et décarbonation : comment expliquer les enjeux à ma grand-mère et à une entreprise ?

Depuis une dizaine d’années, GRDF s’est engagé activement dans la décarbonation, et la région Auvergne-Rhône-Alpes fait figure de bon élève. Elle se positionne clairement comme un leader, voire comme la région en tête en France sur ce sujet.

Lors de la conférence de presse à Ma Pièce Bellecour, ce 17 février, Guilhem Armanet (GRDF) a présenté les résultats 2024 et les enjeux 2025 du gaz vert (biométhane). Ce dernier est une énergie renouvelable produite par la méthanisation de matières organiques, offrant une alternative écologique au gaz naturel.

Quels impacts positifs ce gaz vert a-t-il sur la décarbonation de la région ️ ?

« En remplaçant la chaudière de 1988 de ma grand-mère  par un modèle de 2024, j’opte pour une chaudière dite « très haute performance énergétique ». Cela lui permet de réduire sa facture de 30 %, tout en générant une économie équivalente à l’échelle du pays », explique le directeur régional de GRDF Sud-Est, Guilhem ARMANET.

Il faut souligner que le gain financier immédiat provient avant tout de l’amélioration de l’efficacité énergétique de la chaudière, plutôt que de l’adoption du gaz vert. Toutefois, cette mise à niveau de la chaudière augmente la valeur du patrimoine. Ce qui est plutôt une bonne affaire pour « grand-mère ». 

️ Le gaz vert offre de nombreux avantages pour la décarbonation, touchant divers aspects environnementaux, économiques et sociaux :

1- Bénéfices pour l’agriculture :

• Les agriculteurs bénéficient d’une diversification de leur revenu grâce à la vente du gaz vert. Le tarif d’achat du gaz vert est négocié pour 15 ans, leur offrant ainsi une visibilité à long terme.

GRDF Auvergne-Rhône-Alpes a mis en service 12 sites de méthanisation en 2024 et 10 nouveaux durant cette année 2025.

• De plus les agriculteurs utilisent le digestat (résidu du process de méthanisation) en remplacement des engrais de synthèse. Ce qui leur permet de réduire fortement l’achat de ces engrais de synthèse.

2- Création d’emplois locaux ‍‍‍ 

La méthanisation ne se limite pas à la production d’énergie renouvelable. Elle représente également un levier économique fort pour les territoires.

Le développement du gaz vert dans la région a un impact positif sur l’emploi, notamment dans les domaines de la construction, de l’exploitation des sites de méthanisation, de la maintenance, du transport et des services connexes.

Selon INSEE, en Auvergne-Rhône-Alpes en 2020, 18 200 personnes occupent un emploi vert, soit 0,6 % de l’ensemble des emplois régionaux.

3- Diversification des sources d’énergie et sécurité énergétique:

• La production locale de gaz verts renforce la sécurité énergétique des territoires.

C’est un peu comme acheter directement chez ton producteur : tu sais d’où viennent les produits que tu consommes, et pour le gaz vert, tu connais son origine, souvent locale, chez un agriculteur de ton département.

• Le gaz vert contribue à diversifier les sources d’énergie, réduisant la dépendance aux énergies fossiles importées.

En moins de dix ans, la région est passée de zéro à 65 sites de méthanisation injectant du gaz vert dans le réseau exploité par GRDF.

Rien qu’en 2024, douze nouveaux sites ont été mis en service dans sept départements, portant la production annuelle à 840 GWh, soit l’équivalent de la consommation de 633 000 habitants chauffés au gaz vert. Cette augmentation de 24 % a permis d’éviter l’émission de 154 000 tonnes de CO2.

4- Développement d’une économie circulaire et locale ♻️ :

• La production de gaz verts favorise une économie circulaire en transformant des déchets en énergie renouvelable.

« Nous sommes en train de remplacer le gaz fossile par du gaz de France, fait avec des déchets. C’est de l’économie circulaire, de la décarbonation concrète et du bon sens« , souligne Guilhem Armanet.

• Le projet METHA 4 AGRI, par exemple, a permis de fédérer plusieurs exploitations agricoles autour d’un objectif commun : produire du gaz localement tout en valorisant les déchets organiques.

« Désormais, les bâtiments communaux, dont l’école, sont chauffés au gaz de Pressins, et c’est une grande satisfaction pour nous », se réjouit Henri Pégoud, président de la SAS METHA 4 AGRI.

• Les acteurs de l’immobilier s’engagent également dans cette transition. Lyon Métropole Habitat, lauréat de l’appel à projet « Logement Social Engagé Gaz Vert« , intègre le biométhane dans sa stratégie de rénovation énergétique.

De son côté, le promoteur EDIFIM construit des logements neufs à Saint-Julien-en-Genevois, alimentés en gaz vert provenant de sites de méthanisation locaux. Une initiative qui lui a valu une distinction nationale de la Fédération des Promoteurs Immobiliers.

L’utilisation du gaz vert par une entreprise lui permet de réduire son impact environnemental et d’améliorer son image de marque tout en bénéficiant d’une énergie locale et potentiellement moins coûteuse à long terme.

5- Réduction des émissions de gaz à effet de serre  :

• Les gaz verts, tels que le biométhane issu de la méthanisation de matières organiques, sont produits à partir de sources renouvelables. Leur utilisation réduit considérablement les émissions de CO2 par rapport aux énergies fossiles.
• Le biométhane valorise les déchets organiques (agricoles, industriels, ménagers), réduisant ainsi leur impact environnemental et limitant les émissions de méthane, un puissant gaz à effet de serre.

Les 65 installations de méthanisation en activité fournissent du gaz vert pour chauffer plus de 633 000 habitants dans la région Auvergne-Rhône-Alpes. Cela équivaut, à l’échelle d’une ville, à l’ensemble des résidents de Lyon profitant du chauffage au gaz vert.

Ce n’est pas tout. Il y a des solutions complémentaires pour une énergie optimisée. 

Pompe à chaleur hybride : confort et efficacité ️ 

En plus du gaz vert, d’autres technologies comme la pompe à chaleur hybride offrent des alternatives performantes et adaptées aux besoins énergétiques.

L’intérêt économique immédiat est la maîtrise des consommations et donc de leur coût.

Combinant une pompe à chaleur air-eau et une chaudière gaz à condensation THPE, ce système ajuste son fonctionnement selon les saisons :

• En hiver : la chaudière prend le relais lorsque la pompe à chaleur est moins efficace.
• En été : la pompe à chaleur assure le chauffage et peut aussi rafraîchir l’intérieur.
• Toute l’année : l’eau chaude est garantie grâce à la chaudière THPE.

Résultat : 30 à 40 % d’économies d’énergie par rapport à une chaudière d’ancienne génération.

Économie carbone : – 70 % d’émissions de CO2 toute l’année (- 90 % avec un contrat gaz vert)

Donc grâce au gaz vert et aux solutions hybrides, la transition énergétique s’accélère, combinant performance, économies et réduction des émissions carbone.

Le BioGNV : une alternative pour la mobilité durable

Le secteur des transports bénéficie également de l’essor du gaz vert. En 2024, la région comptait 42 stations publiques de BioGNV (biogaz naturel pour véhicules), dont 12 situées dans les Zones à faibles émissions (ZFE) de Lyon et Grenoble. Cette énergie alternative alimente déjà plus de 1 200 bus, 330 bennes à ordures ménagères et 2 182 camions.

Avec l’inauguration de nouvelles stations en 2025, comme celle d’Andancette (Drôme) en avril, la transition vers un transport plus propre se poursuit.

Tous les véhicules roulant au gaz bénéficient d’une vignette Crit’Air 1, leur permettant de circuler librement en période de pic de pollution.

Un objectif ambitieux : 20 % de gaz vert en 2030 ☀️

L’objectif national de multiplier par cinq la production de biométhane d’ici 2030 se traduit, en Auvergne-Rhône-Alpes, par une ambition claire : atteindre 3,8 TWh/an, soit 20 % de gaz vert dans le mix énergétique régional.

« Aujourd’hui, le gaz vert représente déjà 10 % des besoins de chauffage résidentiel. La transition énergétique est dans les tuyaux« , affirme le chef d’orchestre Régional GRDF SUD EST.

Si le chemin est encore long, la tendance est irréversible. Le gaz vert s’impose comme une solution d’avenir plus rapide, alliant écologie, souveraineté énergétique et développement local, sans avoir à attendre une révolution technologique et financière liée à l’hydrogène.