Former ses équipes : un enjeu économique et humain
Parce que les métiers et le rapport au travail évoluent, les managers doivent saisir la formation comme une occasion de développer à la fois les savoir-faire et le savoir-être de leurs collaborateurs. Témoignages de deux d’entre eux.
La formation de ses équipes fait partie intégrante du rôle fondamental d’un manager. En effet, face aux évolutions rapides de notre économie et du monde du travail, les besoins en compétences des entreprises ne cessent d’évoluer. Et il est aujourd’hui admis que les générations futures exerceront des professions qui n’existent pas encore, par exemple dans les secteurs du numérique ou de l’économie collaborative.
Dans ce contexte, comment ne pas percevoir la formation des collaborateurs comme un investissement à long terme plutôt qu’une charge et/ou une perte de temps ?
Changer de posture est aujourd’hui une nécessité alors que, selon des chiffres 2017 du Centre d’études et de recherches sur les qualifications (Cereq), 68 % des employés expriment leur souhait de se former, dont 65 % cherchent un avancement et de nouvelles responsabilités à travers la formation et 81 % considèrent qu’elle est un vecteur d’évolution de leur activité. Dans la même enquête, on apprend par ailleurs qu’un quart des salariés des plus petites entreprises a bénéficié d’une formation en 2015, contre 63 % dans les entreprises de plus de 500 personnes. Il reste un important travail à mener pour mettre fin aux inégalités entre petites et grandes entreprises, et faciliter l’accès à la formation pour tous.
Savoir-faire et quotient émotionnel
La formation est un réel levier de croissance car elle valorise les équipes et développe la confiance. Une dimension humaine que défend dès le recrutement Guillaume Cochet, dirigeant de l’agence Cochet – Axa à Lyon, en évoquant « le CV citoyen (*), un outil de valorisation des compétences acquises lors du parcours bénévole ». « On parle alors de compétences professionnelles mais aussi du quotient émotionnel du futur collaborateur, son expérience dans sa vie personnelle, sa vie associative.
Ce CV citoyen nous permet d’appréhender un savoir-être qui devient prioritaire dans l’entreprise : le collaborateur ne recherche plus la seule production économique mais veut être dans la construction sociale avec ses collègues, ses fournisseurs, ses clients », développe le chef d’entreprise. Une fois dans l’entreprise, le collaborateur pourra bénéficier de formation(s) pour améliorer ses savoir-faire. « La formation permet de professionnaliser ses collaborateurs, d’avoir des compétences qui montent en puissance et par-delà un management technique plus performant », ajoute Guillaume Cochet. Elle est aussi un moyen de faire connaître et partager une culture d’entreprise.
Pour le directeur régional (ARA) du groupe Actual, l’enjeu de la formation est double en raison de l’activité du groupe (emploi et intérim) : « Il y a deux volets : interne, avec la formation de nos collaborateurs et externe, avec celle des demandeurs d’emploi. Sur le marché du travail, on constate aujourd’hui que des entreprises ne trouvent pas leur main-d’œuvre et que, de l’autre côté, des demandeurs d’emploi ont du mal à se faire recruter… En règle générale, le problème est que les personnes ne sont pas formées aux besoins du marché », explique Frank Petitdemange.
Il souligne également « des dissonances en matière de formation », en particulier sur la question du « savoir-être ». Les perceptions du monde du travail diffèrent parfois et le rôle d’Actual est d’accompagner à la fois les demandeurs d’emploi et les managers permanents « afin que la perception et l’envie de travailler se rejoignent. Je parle ici de management horizontal par rapport au management pyramidal », précise le directeur régional.
Adhésion = motivation
Guillaume Cochet est en phase avec cette notion de management plus collaboratif. Il défend le coaching comme une méthode qui fait ses preuves car elle est connectée à l’époque et propose du sur-mesure : « Le coaching est incontournable aujourd’hui car il permet de construire une relation particulière avec ses collaborateurs et d’obtenir leur adhésion à la stratégie de l’entreprise. Et l’adhésion, par définition, augmente la motivation. »
Frank Petitdemange rappelle lui aussi la nécessité de « faire adhérer les collaborateurs au projet de l’entreprise et, pour cela, la casquette “manager-coach” est une approche ». Tout en apportant la précision suivante, à propos de l’engagement du salarié dans son choix de formation, qui doit être réel : « La difficulté dont il faut avoir conscience, c’est que cette démarche doit être faite avec des collaborateurs qui sont responsables et qui ont envie de le faire. Si les gens prennent plaisir chaque jour dans ce qu’ils font, cela fait grandir l’entreprise, économiquement aussi ! »
(*) Le « CV citoyen » a été lancé en 2017 par la Jeune Chambre économique française, une association composée de plus de 3 000 bénévoles âgés de 18 à 40 ans et qui agit pour l’insertion économique et citoyenne de la jeunesse. www.jcef.asso.fr
Retour sur l’émission de BFM Lyon : Manager & former