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« À nos corps défendus » un hommage à la diversité et à la liberté

#FDA21 « Ce qui est particulièrement touchant avec ce spectacle, c'est qu'après l'avoir vu, certains spectateurs et spectatrices, viennent partager avec moi leurs histoires ce corps. Le partage continue, même sur le parvis du théâtre », confie Alexia Vidal, 37 ans comédienne et metteuse en scène

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À nos corps défendus au festival Off d'Avignon 2021
À nos corps défendus au festival Off d'Avignon 2021 (Photo ©AF&C - Jean-Baptiste Loiseau)
Festival Avignon 2021
Alexia Vidal revient dans cet entretien sur les raisons et les motivations qui l’ont amené à écrire et jouer « À nos corps défendus ». Une pièce qui a fait, chaque jour, salle comble au Festival off Avignon 2021. « Je suis séduit par la manière dont elles rencontrent l’histoire. J’ai l’impression qu’elles parlent de moi, de ma femme, mes parents, mes enfants, mes amis, bref une histoire « intime » dans laquelle chacun s’y retrouve. Merci bcp aux comédiennes Celyne Baudino, Amandine Richaud et Alexia Vida », confie Christophe, un spectateur. 
Alexia, peux-tu nous expliquer ta pièce À nos corps défendus ? (de quoi s’agit-il vraiment et que défends-tu) ?
« À nos corps défendus » est une pièce écrite à partir de témoignages sur le rapport au corps. Avec Karine Debouzie, plasticienne, nous avons rencontré des personnes de 16 à 100 ans qui nous ont parlé de leur corps : comment elles se perçoivent, comment elles perçoivent les autres. Nous posions devant elles des cartes avec des mots  »poids, complexe, cheveux, vêtements, poils » etc. et nous laissions les personnes faire des associations d’idées et nous parler de leurs histoires de corps.
À partir de ces témoignages, j’ai écris ce texte : une « Chimère » un être qui se demande qui elle est, qui se sent multiple, qui va s’incarner dans des corps de 16 à 100 ans pour se retrouver elle même. Avec cette traversée d’intimité variées, nous parlons des injonctions qui nous sont faites dans la société, des batailles que nous menons pour nous ré-approprier notre corps. C’est un hommage à la diversité des corps et à la liberté d’être comme l’on est libres du regard des autres.
Sur scène, nous sommes trois, une musicienne et une créatrice lumière sont avec moi. Chacune, avec notre mode d’expression et notre façon d’être, nous racontons cette diversité des corps.
Comment as-tu eu l’idée de la jouer et pourquoi ?
J’ai moi-même un histoire de corps un peu particulière. Je me suis rendue compte que lorsque je racontais mon histoire, en échange, souvent, les autres, me racontaient à leur tour leur vécu. C’était souvent touchant, étonnant, surprenant. Je me suis dit que ça pouvait être une belle matière à porter au plateau.
Le fait de passer par des témoignages m’a permis d’être dans une subtilité que je n’aurais sans doute pas pu inventer de moi même.
Tu as réalisé des enquêtes, recueilli des témoignages pour écrire et concevoir cette pièce, combien de temps ce travail a-t-il duré ?
Entre le temps de conception du protocole d’entretien, et les entretiens en eux-même, nous avons travaillé deux ans sur ce projet avant de passer à la phase d’écriture qui a duré presque un an (nous avons en parallèle écrit le texte et la musique), puis les répétitions à proprement parlé ont duré environ 9 semaines.
Comment as-tu choisi le panel de gens à interviewer ? et dans quelle région l’as-tu fait ?
Au départ, nous avons invité des personnes que nous connaissions, et dont nous pensions que leur histoire, leur âge ou leur métier pouvait apporter des éléments intéressants ou surprenants.
Puis j’ai lancé des appels à témoignages sur les réseaux sociaux et en papier, en ville, sur Avignon. Et nous avons ainsi rencontré des personnes que nous ne connaissions pas qui souhaitaient partager avec nous leur  »histoire de corps ».
Nous avons été touchées et surprises de la confiance que nous ont faites ces personnes en nous confiant des pans de leur vie. Nous avons été surprise de voir que parfois les interprétations des mots qui leur étaient proposés étaient très éloignées de ce que nous aurions pu imaginer ! Mais, surtout, ça a été des moments de partage exceptionnels.
Pourquoi êtes-vous que des femmes pour jouer cette pièce ?
J’avais envie de travailler avec de la musique live au plateau. Je connaissais le travail de Célyne et je l’appréciais, je lui ai donc proposé de travailler sur ce projet avec moi. Je travaille depuis plusieurs années avec Amandine Richaud à la lumière. C’est donc tout naturellement, dans la continuité de notre collaboration, que je lui ai demandé de rejoindre ce projet.
Au delà de n’être que des femmes au plateau, j’ai fais appel à elle parce que j’apprécie leurs compétences professionnelles. Je me demande toujours si on pose cette question aux équipes qui ne sont constituées que d’hommes !!
Ceci dit, l’équipe est aussi composée d’hommes (Julien Perrier à l’assistanat à la mise en scène, Benjamin Furbacco et Mohn à la technique en amont), mais eux, sur ce projet, restent dans l’ombre.
Qu’est-ce qui peut motiver à venir voir ton spectacle ?
C’est un spectacle qui touche beaucoup de monde. Par la grande diversité des histoires qu’il raconte, chacun et chacune peut se reconnaître dans l’un des portrait, mais aussi être amené à réfléchir sur des histoires qui lui semble plus éloignées de comment on perçoit le monde. Aussi, je travaille avec le ‘‘théâtre mouvementé’‘.
C’est un rapport au corps un peu particulier qui crée une partition physique qui n’est pas réaliste. C’est donc également une performance physique qui peut toucher celles et ceux qui sont friands d’engagement au plateau !
Le choix du festival off d’Avignon, comment ça s’est fait ? quel budget as-tu débloqué ?
Pour des compagnies qui ont peu de réseau, comme la mienne, le festival off est un endroit incontournable pour tenter de rencontrer des professionnel·le·s susceptibles d’acheter le spectacle.
C’est aussi l’occasion de faire une longue série de représentations (nous avons joué 15 fois ) et donc de rôder notre jeu.
C’est également une chance unique de rencontrer des spectateurs et des spectatrices qui viennent parfois d’autres régions et qui découvrent le travail de la compagnie.
Pour le budget, avec la compagnie, nous rassemblons des fonds en donnant des ateliers. Lorsque j’interviens dans des ateliers, je suis payée au minimum syndical et le reste de ce que facture la compagnie, va pour payer les salaires et les besoins des différents projets.
De plus, étant un compagnie avignonnaise, nous n’avons pas à payer les hébergements, ni les trajets, nous sommes accueillies en co-réalisation ou avec des très petites locations, ce qui nous permet de limiter les frais.
Nous avons également eu la grande chance de bénéficier du fonds de soutien à la professionnalisation d’AF&C et nous comptons, bien sûr, sur le FONPEPS (une aide à l’emploi qui est versée à posteriori). La billetterie vient, bien évidemment, compléter le budget.
Qu’attends-tu du festival ? Es-tu satisfaite des retours ?
Du festival j’attendais une rencontre avec le public et une visibilité auprès des programmateurs / programmatrices. Concernant le public il a été au rendez-vous et les retours ont été chaleureux et extrêmement positifs.
C’est très touchant de voir que notre spectacle parle à autant de gens et surtout aussi divers (nous avons eu autant des groupes de personnes venues via Cultures du coeur (personnes en difficulté sociales), qu’un groupe de scouts, beaucoup de jeunes gens, surtout des jeunes femmes, mais aussi le public plus  »habituel » du festival des personnes et des personnes plus âgées. Les retours ont été, pour toutes ces personnes, très enthousiastes !)
Concernant les professionnels (lles), le bilan est plus mitigé car peu d’entre eux sont venus voir le spectacle. Nous remercions, au passage, celles et ceux qui ont eu la curiosité de venir découvrir le travail. J’ai l’impression que particulièrement cette année, après la période difficile due au COVID, les professionnel·(les) sont principalement aller soutenir les compagnies avec lesquelles ils ont déjà des fidélités. Ils ont moins joué le jeu de la curiosité et de la découverte de nouvelles compagnies.
Nous verrons si nous pourrons tout de même tourner un peu ce spectacle, en tous les cas, nous l’espérons !
Peux-tu nous raconter ton parcours ?
Je fais du théâtre depuis toute petite, j’ai suivi le parcours de formation du conservatoire d’Avignon, puis de l’ERAC (École d’Acteurs de Cannes) qui est une école nationale.
En 2011, j’ai rejoins le collectif ‘‘les Éphémères Réunis » qui a porté le début du travail de ma première création, puis j’ai monté ma compagnie en 2012.
Je travaille toujours, en tant que comédienne, avec d’autres équipes, en particulier, ces dernières années, la compagnie franco-suisse de théâtre de rue,  »Onyrikon ».
Quels sont les mots clés qui te définissent ?
Je dirais que l’engagement est ce qui me caractérise le plus. Et sans doute l’énergie ! Mais je trouve que c’est toujours étrange de s’auto-définir. D’autres seraient sans doute plus à même de me qualifier !
Quel est ton projet à court, moyen et long terme ?
Dans l’immédiat, je pars avec la compagnie Onyrikon pour jouer le spectacle  »Le Miroir de Iyagbon » au festival de Gratz, en Autriche.
Ensuite je vais à Montpellier avec un groupe de 13 femmes pour travailler sur une texte de théâtre contemporain écrit par Claire Rengade  »Et insubmersible dans la seconde qui suit ».
À moyen terme, j’espère que nous pourrons tourner  »À nos corps défendus » et à long terme, je ne tarderais probablement pas à me lancer dans une nouvelle création.
Quel était ton rêve d’enfance ?
J’en avais mille qui allaient de, sauver le monde, devenir présidente de la république à lire tous les livre de la terre ou encore faire du théâtre. Pour le moment j’en ai réalisé un seul !!
As-tu reçu des trophées ?
Non, je n’ai pas reçu de trophée, mais ça me convient bien comme ça. Les prix, la reconnaissance, c’est toujours agréable, mais je n’aime pas la concurrence qui naît de cette culture de la récompense.
Je pense, particulièrement en théâtre, que c’est la diversité qui est intéressante et que toute personne qui ressent le besoin de créer et qui le fait avec sincérité et professionnalisme, doit voir son travail reconnu.
Qu’est-ce qui t’anime dans la vie ?
Ce qui m’anime, dans tous les pans de ma vie, c’est avant tout le partage et la solidarité. Je suis très militante (à la coordination des intermittents et précaires, mais aussi auprès de Rosmerta, association qui accueillie des personnes sans papiers). Ce  »travail » militant complète et nourrit mon travail théâtral.
Une anecdote !
Ce qui est particulièrement touchant avec ce spectacle, c’est qu’après l’avoir vu, certains spectateurs et spectatrices, viennent partager avec moi leurs histoires ce corps. Le partage continue, même sur le parvis du théâtre !

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